L’une des variétés de cafés les plus chers au monde est sans conteste le café Kopi Luwak. Cela est dû à sa rareté et à son procédé de production assez particulier. Il coûte entre 200 et 400 € le kilogramme, selon les villes au monde. Un gap énorme, en comparaison aux cafés Arabica ou Robusta, qui ne valent pas plus d’une vingtaine d’euros au kilogramme.
Il est récolté dans les déjections de la civette asiatique, communément appelée Luwak. Cet animal est reconnu pour être friand des fruits de café. Cependant, des enquêtes d’organisations indépendantes de protection d’animaux font état de maltraitance sur ces civettes. Elles seraient capturées et mises en cage, dans des conditions très indécentes. Cela aurait pour objectif, une production en masse du café Luwak. Certains rapports publiés parlent même d’un « business esclavagiste ».
Définition du café Kopi Luwak
Le café Kopi Luwak est un café dit de luxe, apprécié pour ses saveurs exotiques. Il s’agit d’un breuvage long en bouche, très aromatisé, à la fois corsé et sucré. Certains estiment même que la succulence de ce café se rapproche assez de celle d’un bon chocolat chaud. Par ailleurs, la faible acidité de cette boisson est surtout due à son procédé de fermentation organique.
Kopi Luwak : Café le plus cher du monde, histoire et origine
Le café Kopi Luwak trouve son origine dans le début du XVIIIe siècle, avec l’arrivée des Hollandais, dans les contrées indonésiennes. À l’époque, ceux-ci lancent de nombreuses plantations de café, sur ces terres fertiles. Ils le font notamment dans leurs principales colonies, Sumatra et Java.
C’est ainsi qu’une véritable industrie de la culture du café voit le jour sur ces archipels. L’Arabica du Yémen est la variété qui sera la plus produite. Elle fera la réputation de cette partie du monde. En revanche, il est interdit aux ouvriers locaux d’en boire. Ces derniers travaillant dans les plantations n’avaient pas le droit de cueillir les précieuses graines pour leur propre consommation.
Les indigènes, désireux de goûter aux sensations de leur café de renom, font une découverte qui va changer la donne. Ils se rendent justement compte que les civettes palmistes, qui ne sortent que de nuit, raffolent de leurs caféicultures.
Dans les excréments de ces animaux se trouvent toutes sortes de grains de café, partiellement digérés. Ils commencent alors à les recueillir et à les nettoyer. Pour que cela passe inaperçu, ou par mesure hygiénique, les granulés ramassés sont grillés au feu de bois, avant d’être moulus.
C’est ainsi que le café Kopi Luwak, qui deviendra l’un des cafés les plus chers au monde, vit le jour. Toutefois, les fermiers ne pourront pas garder ce précieux secret pour eux bien longtemps. Victimes de leur générosité, certains feront goûter le savoureux breuvage aux propriétaires capitalistes de leurs plantations.
Au-delà du potentiel gustatif, ceux-ci y verront une source plus que rentable de profits financiers. Ils auront ensuite vite fait de s’informer du process de torréfaction assez complexe. Ce fut le début d’une production à grande échelle du café Kopi Luwak.
Cette ambition signera, sans aucun doute, le début de la catastrophe pour les civettes d’Asie. Elles seront traquées et mises en cage, afin de collecter leurs excréments. Pour ne rien arranger, le succès phénoménal auprès des amateurs de café en occident fera rapidement grimper le prix du café Kopi Luwak.
Vidéo polémique de production du café Kopi Luwak
Qu’est-ce qui fait la particularité du café Kopi Luwak ?
En dépit de la diversité de ses arômes, le Kopi Luwak offre une gracieuse harmonie gustative. Une association, à priori contradictoire, que l’on retrouve pourtant bien à la consommation de ce fin nectar.
Il faut comprendre que ce café, l’un des plus chers du monde, est en réalité un mélange de différents types de grains. Le Luwak (civette palmiste en indonésien) ne fait pas de distinction lorsqu’il se nourrit des cerises d’Arabica, de Robusta, d’Excelsa et bien d’autres.
L’animal ne choisit en effet, que les fruits les plus mûrs, et donc de meilleures qualités. C’est pourquoi après la digestion, les granulés sont en majeure partie dépourvus de leur amertume. De plus, le procédé de torréfaction est assez léger, afin de limiter la caramélisation de ses sucres.
Toutes ces caractéristiques contribuent à conférer au café Kopi Luwak une succulence d’exception. Celle-ci n’a rien à voir avec ce que l’on retrouve dans les moutures classiques. Une évidence que l’on devine déjà à son parfum épicé et à sa coloration, tantôt medium, tantôt cinnamon. Ce sont tous ces caractéristiques qui confèrent à ce café une identité et une saveur qui lui est propre.
Question disponibilité, les chiffres officiels font état de ce que la production annuelle de Kopi Luwak est de loin inférieure à 500 kg. Pourtant, un documentaire publié en 2013 par un journaliste de la BBC révèle que ce produit ne serait pas aussi rare qu’il y paraît. Il y aurait donc une production clandestine revendue sur le marché noir.
Un mode de production qui fait polémique
D’après les rapports de nombreuses enquêtes, d’organes de presse et d’organisations non gouvernementales, l’on frôle vraisemblablement la catastrophe. En effet, la réputation de ce café, le plus cher au monde, est parfois exagérée auprès des profanes. Elle ferait beaucoup de mal aux civettes responsables de sa production.
– Aucune éthique
Tout d’abord, il faut tenir compte du fait que les civettes sont des animaux sauvages, qui doivent jouir d’une grande liberté de mouvement pour s’épanouir. Elles ne sont pas destinées à être parqués dans des cages, cela les expose à toutes sortes de désagréments.
Pour s’en apercevoir, il suffit de consulter les conclusions conjointes des chercheurs de l’université d’Oxford et ceux de l’ONG WAP (World Animal Protection) parues dans TheGuardian. Ces derniers se montrent très alarmistes, après avoir visité pas moins de 16 fermes de production du café Luwak en Inde.
Ils révèlent que les civettes sont retenues dans des conditions esclavagistes, à l’intérieur de minuscules clapiers à lapin. N’ayant pas beaucoup d’espace, elles baignent dans leurs propres déjections et sont exposées à d’innombrables maladies.
Un autre facteur troublant est leur mode d’alimentation qui est désormais limité aux cerises de café de toutes sortes. Alors qu’en liberté, ces animaux ont pour habitude de varier leur repas. Des mangues, des insectes, des reptiles, ces compléments ne font plus partie de leur nourriture une fois en captivité dans ces plantations.
En conséquence, certains individus maigrissent et deviennent même chétifs, tandis que d’autres se retrouvent obèses à cause du manque d’activité. Pire encore, la plupart d’entre eux sont devenus accros à la caféine contenue dans les fruits qu’ils consomment de manière exclusive.
Par ailleurs, aucune considération n’est faite du caractère nocturne de ces félidés. On les expose constamment aux touristes. Pourtant, ils supportent visiblement très mal les bruits de circulation. Les experts établissent clairement que le caractère sauvage de l’animal garanti la qualité, et donc le prix élevé du Kopi Luwak.
Fait encore plus triste, certains fermiers entreposent les civettes dans des cages en grillage pour recueillir plus facilement leurs déjections. Seulement, ces demeures sont les plus inconfortables que l’on puisse imaginer pour ces mammifères.
Ils doivent y passer toutes leurs journées et toutes leurs nuits, sans possibilité de faire quoi que ce soit pour soulager leurs peines. Dans de telles conditions, certains d’entre elles en viennent même à se mutiler et à dépérir.
– Des mesures à encourager
Les torts causés à ces animaux dans le cadre du commerce du Kopi Luwak sont tels que de nombreuses pétitions sont présentes pour abolir la production de masse de ce café qui coûte si cher. L’on a notamment en mémoire celle émise par le Parlement britannique en 2015. Une autre, disponible sur le site indépendant Care2, a déjà obtenu plus de 30 000 signatures à ce jour, sur environ 50 000 attendues.
Toujours dans ce contexte, l’on remarque que même des importateurs occidentaux de café comme le célèbre Tony Wild se sont rétractés. Dans une sortie, ce dernier qualifiait le Kopi Luwak de produit abusif, surindustrialisé et surtout contrefait.
Faut-il encore mettre du Kopi Luwak dans sa tasse ?
Sur ce point, il est très important de relativiser. Bien entendu, il n’est en aucun cas question de soutenir une industrie aussi malsaine pour une espèce animale, quelle qu’elle soit. Même si vous êtes un fin amateur de café, ce sont leurs droits qui doivent primer.
Cependant, il existe encore sur le marché quelques torréfacteurs qui essaient autant que possible de produire le café le plus cher du monde dans le respect des normes éthiques. Par exemple, certains d’entre eux travailleraient de concert avec des ONG comme le WAP et des organismes de certification comme UTZ.
Il est encore possible de trouver du Kopi Luwak portant un label, car sa récolte se fait à l’état sauvage. La principale garantie ici étant la traçabilité de chaque kilogramme commercialisé sur le marché.
Néanmoins, si tel est quand même votre désir, avant de procéder à l’achat de ce Kopi Luwak, il y a quelques mesures que vous pouvez prendre :
– Des recherches approfondies
Vous pouvez commencer par vous renseigner minutieusement, sur les enseignes qui obtiennent ce précieux sésame, en se conformant aux prescriptions écologiques en la matière. Pour en savoir plus, rendez-vous par exemple sur les sites d’organismes de certification, comme la Rainforest Alliance, ou la SAN (Sustainable Agriculture Network).
Dans ce cas, une marque de Kopi Luwak n’obtient une étiquette que si les grains de café se recueillent à l’état sauvage et non sur des civettes en captivité.
– La variété de café utilisée et la date de production
Un autre point à vérifier sera la variété de café spécifiée. En effet, les îles indonésiennes produisent essentiellement de l’Arabica. Pour cette raison, lorsque vous trouvez du Kopi Luwak, constitué en majorité d’une diversité de café différente (surtout Robusta ou Catimor), il y a de fortes chances que celui-ci soit de la contrefaçon.
Par ailleurs, dans un souci de traçabilité, les torréfacteurs certifiés du café Kopi Luwak s’efforcent de renseigner la date de torréfaction.
Quelles alternatives au Kopi Luwak ?
À défaut de vous procurer du Kopi Luwak écoresponsable, il existe des options tout aussi savoureuses :
– Le Black Ivory Coffee
Ce café suit pratiquement le même procédé de production que le Kopi Luwak. On l’obtient à partir des déjections. Par contre, il s’agit cette fois-ci d’un animal beaucoup plus imposant, à savoir l’éléphant de Thaïlande.
Ce mammifère ne souffre pas d’une polémique aussi forte que celle de la civette, mais de nombreux articles semblent tirer la sonnette d’alarme. Le prix du Kopi Luwak au kilo n’est en rien comparable. En effet, il faut compter environ 1 700 € pour se procurer un kilogramme de Black Ivory Coffee.
Par ailleurs, cette mouture à la collecte et à la torréfaction extrêmement complexe s’est pour sa part forgé une solide réputation dans de nombreux hôtels de luxe à travers le monde. Selon les fins gourmets, un breuvage de Black Ivory Coffee serait beaucoup plus doux et agréable en bouche que le Kopi Luwak.
– Le Jacu Bird Coffee
Tout comme le Kopi Luwak et le Black Ivory Coffee, Le Jacu Bird Coffee s’inscrit dans le même concept d’élaboration. Il nous vient cependant des hautes altitudes brésiliennes, puisqu’il est extrait des matières fécales du Jacu. Cet oiseau local est connu pour raffoler des fruits de caféiers.
À l’origine, les fermiers indigènes n’aimaient pas beaucoup qu’il rôde dans les parages. En effet, il s’attaquait aux récoltes et ne choisissait que les cerises les plus mûres. Il est aujourd’hui très recherché, depuis que la tendance des grains de café issus de la digestion d’animaux a vu le jour.
Le Jacu Bird Coffee est même pratiquement aussi prisé dans ces régions que de l’or. En matière de goût, il est un peu plus acide que le café Kopi Luwak authentique. En revanche, il possède de notes fruitées plus grandes.
– Le café Bourbon pointu
Ces cafés issus d’excréments d’animaux ne vous intéressent pas ? Il existe des variétés d’origine végétale qui pourraient vous convaincre. C’est notamment le cas du Bourbon Pointu qui prend racine dans l’île de la Réunion.
Il se vend à un prix environnant les 500 €. Ce coût très élevé, il le doit sans doute à sa culture complexe et méticuleuse. En effet, le Bourbon Pointu se trouve à plus de 1 000 m d’altitude. De plus, sa récolte est exclusivement manuelle et il est impératif que les fruits soient parvenus à pleine maturité.
Ce breuvage est, de l’avis des plus fins gourmets, un véritable grand cru. Il se caractérise surtout par ses arômes fruités riches en saveur.
– Le café Geisha
Le Geisha classique est loin d’être le café le plus cher au monde, avec son prix au gramme avoisinant 2 € avec le kg à 2000 €. Il existe cependant des marques célèbres comme Ninety Plus Estate qui lui appliquent un procédé de torréfaction breveté. Ainsi, le kg de Geisha Ninety Plus coûte environ 8 800 €.
Une valeur assez exorbitante pour ce nectar venu tout droit des hauts plateaux de l’ouest de l’Éthiopie et du Panama. En tasse au lait, le Geisha est une boisson allongée, avec une saveur mielleuse très caractéristique.
Alors, vous n’êtes donc pas obligé de consommer le café Kopi Luwak surtout si vous doutez de son origine. Il existe des alternatives même si elles sont parfois plus onéreuses.
Dites nous en commentaire ce que vous en pensez. Êtes-vous prêts à acheter un kilo de Kopi Luwak si on vous en donne les moyens ?